L'ancien graphiste reconverti en berger

Thomas Poulain, âgé de 26 ans, est devenu éleveur. Son troupeau de moutons landais fait de l'éco-entretien.

C'est un idéal de vie qui a poussé Thomas Poulain, 26 ans, à faire un virage à 360 degrés dans son existence. Au mois d'août 2011, cet ancien graphiste, qui travaillait dans un bureau parisien, a lancé son nouveau « job » sur le domaine de Coutin, une zone agricole située entre les bourgs de Lacanau et Carcans.

Sa petite entreprise est spécialisée dans l'éco-entretien. Et son principal outil de travail est un troupeau de moutons de race landaise. « Je m'en sers comme d'une tondeuse. Cela marche très bien ! », explique-t-il avec un brin d'humour.

Pour entretenir les marais

« Avec Mandy, mon épouse, nous recherchions une activité plus en adéquation avec nos valeurs. Elles tournent autour de l'environnement, du respect de la nature. On voulait aussi donner un bon modèle à nos deux enfants », explique encore Thomas, désireux de bien introduire le « cœur » de son nouveau métier et de sa démarche personnelle.

Dans le détail, son troupeau œuvre à entretenir les marais et les zones humides. « Aujourd'hui, nous intervenons pour l'Office national des forêts, qui est gestionnaire d'une réserve naturelle à Hourtin et d'une réserve biologique dirigée à Lacanau. On a aussi eu des missions pour des associations de chasse et des collectivités ». Dans des espaces devant absolument conserver des « milieux ouverts », les brebis sont installées pour « nettoyer » le sol. Elles y exercent une pression de pâturage empêchant la végétation haute de reprendre le dessus.

Ruminants et mécanisation

Dans sa façon de « traiter » le chantier, le jeune chef d'entreprise plaide « qu'il n'y a pas l'inconvénient de la mécanisation qui abîme l'écosystème en écrasant tout sur son passage. Les bêtes sont là pour manger. Elles font partie du milieu. Après leur passage, la zone est toute propre ! ».

Le choix du mouton de race landaise permet aussi à Thomas de faire coup double. Tout en participant à la survie d'une espèce ovine qui ne compte plus que quelques troupeaux en France, il profite dans le même temps d'un mouton « faisant preuve de rusticité et capable de s'adapter à des sols très pauvres ». En clair, sa « machine » à quatre pattes est efficace.

Dans le but de pérenniser son entreprise, l'éleveur a aussi compris qu'il était nécessaire de se diversifier. Dans les prochaines semaines, un troupeau d'une vingtaine de chèvres devrait lui permettre de fabriquer un fromage local.

Et ce n'est pas fini. Thomas et son équipe veulent remettre au goût du jour la viande d'agneau de cette race landaise. « On n'en fait plus dans la région. Ce sera nouveau. Et je peux vous assurer que c'est très bon ! ».

Une formation en Lozère

Avant de se lancer dans ce projet professionnel, Thomas et son épouse sont allés se former en Lozère. Cette période de transition s'est étalée sur deux ans. « Sans cette expérience, je ne pouvais engager mon projet », confie-t-il.

L'entrepreneur a aussi travaillé comme ouvrier pour l'Office national des forêts. L'occasion de bien s'imprégner de l'environnement local. Aujourd'hui, l'entreprise Poulain doit encore finir sa phase d'installation. « Nous investissons tout ce que nous avons gagné pour lancer le laboratoire et l'espace de vente de fromage et de viande ».

Selon le calendrier présenté, les premiers clients devraient pouvoir se présenter en début d'année au domaine de Coutin. En attendant, Thomas continue de s'activer sur le terrain. Et ses chiens, qui surveillent le troupeau, ne quittent pas du regard leur nouveau maître. C'est bien le début d'une aventure.

Publié le 14/11/2012 à 06h00
Par julien lestage